La vie politique en Islam

Dans le domaine politique -comme dans tous les autres domaines-, la législation islamique a établi des principes fondamentaux et des règles générales qui constituent le noyau sur lequel se base la formation de l’Etat islamique. Elle considère le dirigeant de l’Etat islamique comme l’exécuteur des ordres d’Allah par le biais de l’application de ces principes et de ces règles. Le dirigeant de l’Etat islamique est le mandataire de la communauté et ce mandat l’astreint aux obligations suivantes :

  • Il doit appliquer la législation divine. Allah ( y) dit : Est-ce donc le jugement du temps de l’Ignorance qu’ils cherchent ? Qu’y a-t-il de meilleur qu’Allah, en matière de jugement pour des gens qui ont une foi ferme ?
    [Al Maïda, 50]

  • Il doit faire tout son possible pour leur procurer les moyens de mener une vie honorable, protéger leur religion, leur sécurité, leurs vies et leurs biens. Le Prophète ( s) a dit : « Celui à qui Allah confie l’autorité sur un peuple et qui ne les entoure pas de bons soins, ne respirera pas l’odeur du Paradis. »
    (Al Boukhari)

  • La consultation ; il n’y a donc pas de monopole des avis et opinions, on doit prendre en compte le point de vue d’autrui s’il est juste. Allah ( y) dit : Ceux qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Salat, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons. ; C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah). Et consulte-les à propos des affaires.
    (Al Imran, 159)

    Dans le premier verset, Allah ( y) a évoqué côte à côte la consultation et la prière rituelle qui est le deuxième pilier de l’Islam, ce qui prouve son importance. Tout ce qui est en rapport avec l’intérêt de la communauté doit faire l’objet de consultation entre les savants et les leaders d’opinion. A la fin du verset, Allah ( y) a fait l’éloge des Croyants en général, parce qu’ils se consultent mutuellement à propos de toutes leurs affaires

    Dans le deuxième verset, Allah ( y) demande à Son Messager, qui est le chef de l’Etat Islamique, de procéder à la consultation sur les affaires liées à l’intérêt de la communauté et au sujet desquelles il n’y a pas un texte révélé. Quant aux affaires qui sont traitées par des lois révélées, il n’y a pas lieu d’y procéder à la consultation. Le Prophète ( s) consultait ses Compagnons

    Les jurisconsultes de l’Islam ont prescrit au dirigeant de consulter la communauté sur les affaires concernants ses intérêts, au point que, s’il délaisse la pratique de la consultation, il devient obligatoire à la communauté de la réclamer, afin qu’elle donne son avis et ait son mot à dire. Ils se sont basés sur les deux versets précédents pour prescrire cette obligation, parce que la législation islamique considère le dirigeant comme le mandataire qui a la responsabilité d’accomplir la tâche qui lui est confiée. La communauté a en contrepartie, la responsabilité de contrôler l’application de la Charia par le dirigeant.

  • Il doit faire respecter la liberté d’expression et de critique, à condition qu’on observe la bienséance islamique dans la formulation de la critique et l’expression du point de vue, et qu’on n’incite pas à la dissension. Le Prophète ( s) a dit : « Le meilleur jihad est la parole véridique auprès d’un dirigeant injuste. »
    (Al Mustadrak)

    Abû Bakr As-Siddiq ( d), premier calife des musulmans a dit : « Ô hommes, j’ai été désigné pour être votre dirigeant et je ne suis pas le meilleur parmi vous. Si vous me voyez agir selon la vérité, aidez-moi et si vous me voyez commettre une faute, corrigez-moi. Obéissez-moi tant que j’obéis à Allah à votre sujet. Si je Lui désobéis, je n’ai pas à être obéi de vous. »
  • Ils sont divins ; c’est le Créateur qui les a instaurés ; tous sont égaux devant Lui, qu’il s’agisse du gouvernant ou du gouverné, du riche ou du pauvre, du noble ou du roturier, du blanc ou du noir. Aucun individu, quel que soit son rang, n’a le droit de s’y opposer, ou de créer une loi qui va à leur encontre. Allah ( y) dit : Il n’appartient pas à un Croyant ou à une Croyante, une fois qu’Allah et Son Messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Allah et à Son Messager, s’est égaré certes, d’un égarement évident.
    (Al Ahzab, 36)
  • Il a prescrit à tous de les respecter et de les mettre en application, que ce soient les gouvernants ou les gouvernés. Allah ( y) dit : La seule parole des Croyants, quand on les appelle vers Allah et Son Messager, pour que celui-ci juge parmi eux, est : “Nous avons entendu et nous avons obéi”. Et voilà ceux qui réussissent.
    ( An-Nour, 51)

    Aucun être humain n’a donc de pouvoir absolu en Islam, même pas le gouvernant. Tous les pouvoirs sont restreints dans les limites tracées par la législation islamique. S’il arrive que le dirigeant viole la législation, on n’a pas, dans ce cas, à l’écouter ou à lui obéir, cela conformément à cette parole du Prophète ( s) : « Il incombe au musulman d’écouter et d’obéir dans ce qu’il aime et déteste, sauf si on lui ordonne de commettre un péché. Si on lui ordonne un péché, il n’a pas à écouter, ni à obéir. »
    (Al Boukhari)

    De cette façon, l’Islam a préservé les droits et les libertés publics et privés et a éloigné les sources de législation des passions des législateurs incapables de nature, parce que leur législation ne peut être que le produit de passions personnelles et régionales. En ce qui concerne les autres détails, la législation islamique ne les a pas abordés simplement pour laisser la porte ouverte aux musulmans afin qu’ils établissent des systèmes et des règles convenables à leurs situations selon ce que commande l’intérêt général à chaque époque et à chaque lieu, à condition que ces systèmes et règles ne soient pas contraires aux principes et aux règles fondamentales de l’Islam.